Les technologies de l’éducation et de la
formation connaissent depuis quelques années un essor sans précédant. Cette
tendance est perceptible à travers l’intérêt croissant des opérateurs/acteurs
nationaux et locaux, public et privés, de l’éducation et de la formation dans
les TIC. Cette tendance est aussi observée dans l’attention particulière
qu’accordent les agences internationales, les bailleurs de fonds et les
institutions de coopération à l’investissement dans les TIC afin de soutenir
les gouvernements africains dans leurs efforts à relever les défis liés au
secteur et au delà.
Cette évolution est pareillement percevable à
travers l’augmentation rapide du nombre de rencontres locales, nationales,
régionales et internationales qui traitent de l’usage des TIC dans l’éducation
et la formation (séminaires, conférences, salons/expos, ateliers, etc.) et de
leurs impacts.
Dans plusieurs pays africains, cet intérêt dans
les TIC se traduit par un déploiement technologique, qui dans beaucoup de cas
dépasse la capacité d’assimilation de nouvelles pratiques par les différents
opérateurs/acteurs des systèmes d’éducation et de formation. Ce décalage entre
la rapidité du déploiement et la capacité d’assimilation de l’innovation
devient un obstacle majeur à l’aboutissement positif d’initiatives d’usage des
TIC, qui dans de nombreux cas n’émanent pas d’un besoin ressenti et exprimé par
les acteurs/opérateurs directes. Mal-étudiées et mal-accompagnées, ces
tentatives qui échouent décrédibilisent les TIC, découragent les innovateurs et
renforcent la position des sceptiques.
L’échec d’un nombre d’initiatives en Afrique est
compréhensible. Non seulement, les pays africains ne sont pas producteurs de
nouvelles technologies mais, aussi, l’intégration des TIC dans l’éducation et
la formation est une entreprise qui tente de mettre à contribution le secteur
le plus innovant au profit d’un secteur jugé assez conservateur, celui de
l’éducation.
Ceci dit, l’intégration judicieuse des TIC dans
les systèmes d’éducation et de formation est devenu aujourd’hui une exigence
que nul ne peut nier ni ignorer. Toutes les études réalisées ou mandatées par
les différentes parties prenantes - gouvernements, agences internationales,
bailleurs de fond, institutions de coopération, opérateurs d’éducation et de
formation, etc. – convergent sur cette nécessité.
En Afrique, nombreux sont les pays qui ont des
politiques de développement de l’usage des TIC. Cependant, moins nombreux sont
ceux qui ont conçu et mis en œuvre une stratégie d’intégration globale des TIC
dans leurs systèmes d’éducation et de formation. Parmi ces pays on peut citer
entre autre l’Afrique du Sud, le Maroc, la Namibie, le Rwanda et la Tunisie.
Un certain nombre de publications documentent ce
qui a été fait en Afrique en matière d’intégration des TIC dans l’éducation et
la formation, à savoir:
- L’enseignement à distance et apprentissage libre en Afrique sub-saharienne : état des lieux dans les pays francophones (2001).
- Costing Distance Education and Open Learning in Sub-Saharan Africa: A Survey of Policy and Practice (2005).
- L’infrastructure technologique et l’utilisation des TIC dans le secteur de l’éducation en Afrique : Vue générale (2007).
- Enquête sur les TIC et l'Education en Afrique : Un Rapport résumé basé sur une enquête effectuée dans 53 pays (2007).
- Intégration pédagogique des TIC : Stratégies d’action et pistes de réflexion (2009).
- Formation à distance en Afrique Sub-Saharienne francophone: Etudes comparées (2009).
- Use of Mobile Learning in Educational and Training Settings (etude pas encore publiée).
Toutes ces études nous montrent qu’aujourd’hui
Il y a un nombre considérable d’initiatives d’usage des TIC dans les systèmes
d’éducation et de formation en Afrique, et que l’on dispose désormais d’un
capital d’expertises africain
ainsi que d’un réseau international d’experts et de praticiens qui maitrisent
les problèmes liés à la thématique, ainsi que d’une bonne connaissance de
l’état des lieux de l’usage des TIC dans les systèmes d’éducation et de
formation du continent.
A cette évolution, s’ajoute l’amélioration
progressive de la connectivité en Afrique, l’intérêt croissant des fournisseurs
de technologies (hard/soft) et surtout une prise de conscience politique
croissante au niveau national et régional de l’importance de la question. Au
niveau de l’ADEA, en avril 2002, son bureau
des ministres africains de l’ADEA avait décidé de placer « l’exploitation
des TIC à des fins éducatives en tête des priorités et a(vait) demandé la tenue
d’une réunion sous-ministérielle pour étudier cette question». Par conséquent,
la Conférence ministérielle
sous-régionale sur l’intégration des Technologies de l’information et de la
Communication dans l’éducation en Afrique de l’ouest a été organisée à Abuja du
26 au 30 juillet 2004.
Lors de cette conférence, le président de l’ADEA
avait clairement affirmé que « Les TIC représent(ai)ent de nouvelles
opportunités et des possibilités d’apporter certaines réponses aux problèmes de
l’éducation ». Il a ensuite ajouté que « cela nécessit(ait) cependant
une analyse profonde des différents contextes nationaux, une vision partagée
des priorités et orientations de développement et des politiques et stratégies
nationales ayant fait l’objet de concertation entre les différentes parties
prenantes, à savoir le gouvernement, la société civile et le secteur
privé »
Sur la plan international, l’Organisation des
Nations Unies a organisé la deuxième phase du Sommet Mondial de la Société de
l’Information (Tunis, 2005), ce qui a contribué à donner naissance à une
dynamique de mobilisation des agences et partenaires au développement autour de
la thématique TIC en général et pour l’Afrique en particulier. Cet élan s’est
traduit par une série de réunions et conférences régionales et sous-régionales
auxquelles des représentants des ministères chargés de l’éducation et de la
formation prenaient part. Les décideurs africains prenaient, de plus en plus,
conscience de l’importance des TIC pour leurs politiques sectorielles.
Au niveau du leadership de l’OUA, prenant
conscience de l’importance de plus en plus grandissante des TIC, les chefs
d’état et de gouvernement africains ont clairement affirmé, durant la
Conférence de l’Union Africaine (31 janvier au 2 février 2010) que la
réalisation des objectifs du millénaire dépendait « de la capacité de
(leurs) Etats à utiliser les immenses potentialités qu’offrent les Technologies
de l’information et des communications ». Ils se sont engagés, entre
autre, à «intensifier les activités de mise en œuvre du Plan d’action africain
pour l’Économie du Savoir et à développer des programmes et actions de
formation, d’acquisition de compétences de base en matière de Technologies de
communication et de l’information».